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Denis St-Amand – Transmettre une passion

Certains mythes ont la couenne dure lorsqu’il est question du ski de fond…

« Trop technique »… « trop cher »… « les pistes sont trop loin »…

Cet hiver, Boutique Courir déboulonne les mythes sur le ski de fond en s’intéressant à ceux et celles qui le pratiquent. Ce mois-ci, place à ceux qui transmettent

 

Parce qu’il faut bien commencer quelque part…

Pas besoin d’être un pro du ski pour avoir du plaisir à en faire. Et pourtant, quelques uns hésitent parce qu’ils se disent « je n’ai pas la technique, je n’y arriverai pas ».

Bien sûr, avant de se déchaîner sur les pistes, il faut acquérir une petite dose de savoir-faire. Pour ce faire, quelques initiatives proposent des séances d’essai et des cours. Parmi elles, il y a Denis St-Amand. Il a fait de son sport son gagne-pain en créant l’école de ski Multiglisse, réputée pour la qualité de son enseignement et de ses prestations.

Voici son histoire…

 

Une première découverte

photo: Multi-glisse
Photo: Multiglisse.ca

On dit que peu importe la matière enseignée, quelques fois, le facteur déterminant du succès, c’est le professeur lui-même. Cela semble être le cas avec Denis St-Amand.

Son expérience, il la doit à ses maîtres, qu’il décrit avec respect et admiration. Ses rencontres avec ses mentors ponctuent sa vie d’apprenti et forgent sa conception du métier d’instructeur en ski de fond… Pour Denis, ça commence à 18 ans. Jeune moniteur de ski alpin, il s’initie au ski de fond sous la houlette de son ami Claude, ex membre de l’équipe de ski de fond du Québec.

 

J’ai appris sur les vieux skis de bois de Claude. On faisait des va-et-viens sur nos propres traces dans un parc. Parfois sans bâtons, pour trouver mon équilibre… C’était pour moi une découverte extraordinaire et un défi à relever, car Claude était très bon professeur.

 

Sous l’œil aguerri de Claude, Denis évolue rapidement. D’abord en ski classique, « le pas de patin [n’arrivant] qu’au milieu des années 80 ». Le jeune skieur sillonne les sentiers et campe dans les refuges des Laurentides, de Charlevoix, de la Gaspésie, des Rocheuses et de son Abitibi natal.

Puis, pour peaufiner sa technique et « être plus efficace sur [sa] glisse », il pose son sac de randonnée et intègre la nouvelle association canadienne des moniteurs de ski de fond (Cansi). C’est là que Denis réalise qu’il a la trempe d’un instructeur de ski…

 

Une formation exigeante

Ne vous méprenez pas… Le parcours de Denis n’est pas constellé que de roses et de paillettes! Après avoir complété ses niveaux 1 et 2 de Cansi avec brio, il se heurte à l’exigence de Normand Lapierre, formateur hors pair de ski alpin et ski de fond, qui pousse le jeune apprenti hors de ses retranchements.

Avec ce niveau d’exigence, je n’ai pas réussi ma partie technique. De notre petit groupe de 8 participants, une seule personne a réussi cette année-là. J’étais tellement motivé d’apprendre et de devenir un professionnel de l’enseignement du ski de fond que je me suis entraîné une saison complète pour être du calibre de mon formateur mentor.

En mars 1986, Denis décroche le graal : le niveau 4 en ski alpin, ski de fond et télémark. Mais les défis ne s’arrêtent pas là… Le métier d’instructeur de ski, même s’il englobe une bonne part de sorties de plein air et de rencontres enrichissantes, se compose de réalités physiques, météorologiques et… financières.

 

Les défis de l’instructeur de ski de fond

En 1989, lorsque Denis démarre Multiglisse, son école de ski nordique, le sport de glisse n’est pas très populaire au Québec. Mais Denis ne se démonte pas… Peu à peu, il se fait un nom auprès des clubs en région, des services de loisirs municipaux, tant du côté anglophone que francophone. Il peaufine son programme de formation pour le grand public et pour la région métropolitaine de Montréal.

Beaucoup de déplacements, de publicités, de rencontres et de cours donnés m’ont aidés à créer ma crédibilité au cours des années.

Outre le volet « administratif », le défi numéro un de l’instructeur de ski reste encore et toujours de garder la forme,  sans blessure avant et durant toute la saison : « et je parle ici de forme physique autant que de forme psychologique », abonde-t-il. Tenir le coup sur plusieurs mois d’affilée, dans des météos pas toujours facilitantes, demeure le plus gros cheval de bataille aux yeux de notre passionné de ski.

Sans grande surprise, les changements climatiques viennent eux aussi bousculer la météo, amenant des variations rapides de la qualité des pistes, passant de « bonnes » à « exécrables » en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Les cours sont souvent reportés, les gens abandonnent ou sont découragés… Il faut parfois faire preuve de psychologie et de motivation pour maintenir les gens dans la pratique du ski de fond.

Parmi ses nombreux défis, Denis cite le « vieillissement » de la population. Les personnes âgées sont moins enclines à investir dans un sport comme le ski de fond, par peur et par méconnaissance de la pratique. Cela réduit d’autant le bassin des adeptes.

Plus en amont, la visibilité médiatique du ski de fond en pâtit aussi, laquelle « passe souvent au second plan dans la grande marmite de l’offre sportive hivernale ». En effet, certaines personnes n’auront pas le réflexe de se lancer dans le ski, simplement par ignorance du sport et de son manque d’accessibilité.

Selon Denis, le nerf de la guerre, c’est le « manque de financement pour supporter toute la sphère du ski de fond ». Mais l’instructeur reste optimiste : « il y a beaucoup d’initiatives qui se créent auprès des jeunes pour maintenir une relève pratiquante et enthousiaste ».

 

Photo: Multiglisse.ca

 

Un sport adaptable

En dépit des défis auxquels Denis doit faire face dans sa profession, le ski de fond l’a marqué au fer… Il le décrit comme un sport complet et adaptable à toutes les situations.

En effet, la beauté du ski de fond, c’est qu’on peut changer de fart ou de technique en fonction de la situation météorologique. S’il fait un peu plus froid que d’ordinaire, optez pour un fart plus « froid » ou troquez le pas de « patin » contre le pas « alternatif » pour une meilleure adhérence.

Pour l’instructeur, une devise prime : « il n’y a pas de mauvaise température mais que des gens mal habillés », précepte éprouvé à de nombreuses reprises chez Boutique Courir…

 

Un sport abordable

Contrairement à l’idée reçue, le ski de fond est accessible à n’importe quel porte-feuilles. Avant de faire craquer la carte bancaire, on peut d’abord louer des skis et prendre une série de cours, histoire de « profiter du plaisir de la glisse » et de jauger « l’investissement » que celle-ci engendre.

Pour ceux qui n’ont pas de voiture ou habitent en ville, les transports en commun desservent une quantité surprenante de parcs urbains équipés de pistes de ski de fond aménagées tout l’hiver. La ville de Montréal informe périodiquement les usagers des conditions de ski sur son site.

« Je recommande de choisir un ou des endroits en fonction de la commodité du déplacement pour en profiter pleinement et le plus souvent possible. Même en soirée, avec une frontale, c’est très agréable… »

Parc Maisonneuve (Montréal) Photo : Cardio Training

 

Un sport qui gagne à être connu

Denis St-Amand ne se fait pas prier pour parler de son sport. Au-delà de la « profondeur des connaissances techniques et pédagogiques que nécessitait ce sport », Denis est séduit par la sensation de liberté qui l’enivre à chaque foulée.

Pour qui aime s’appliquer à reproduire un certain degré de technique, le ski peut s’avérer un formidable passe-temps. Une technique que Denis s’applique à inculquer à ses clients, avec les mêmes passion et pédagogie que ses modèles lui ont servies lors de son propre apprentissage.

Lorsque j’enseigne, j’ai toujours le souci de rendre mon message clair pour faciliter le passage de la compréhension à la pratique. J’aime rendre simple, agréable et ludique, ce qui paraît complexe de prime abord.

Ce qu’il préfère, c’est voir les gens « s’investir et se transformer techniquement » au fil des séances. Et c’est pour cela que les séries de cours fonctionnent bien. Elles permettent une assiduité, en plus de donner des résultats en peu de temps. « Et quand je vois le sourire, la satisfaction des gens suite à leurs efforts, je suis comblé! »

 

Un instructeur engagé

Transmettre un sport qui pour lui, s’associe à l’esprit d’une nordicité toute québécoise, c’est là le leitmotiv de Denis. Amoureux du Québec, le ski de fond constitue une des manières les plus intéressantes de découvrir « la beauté hivernale qu’offrent nos diverses régions ».

Et puis, voir le sourire de « gens contents de leurs habiletés acquises en ski de fond » est une de ses victoires du quotidien.

L’idée, c’est de créer une synergie renouvelable et facile d’accès pour tous à chaque saison pour remettre dans l’esprit collectif. Comprendre le ski de fond comme un des moyens de se développer et d’assumer notre nordicité [en tant que Québécois]. Car la sensation de la glisse est très positive et peut être très contagieuse…

 


Pour en savoir plus sur l’école de ski nordique Multiglisse :

Multiglisse.ca

514-830-3279

 

 

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