Retour

Le ski comme rempart face à la maladie

Cet hiver, Boutique Courir s’intéresse au ski de fond vu à travers ses pratiquants. Que ce soit pour la recherche de l’exutoire, pour voyager, pour la performance, pour se garder en santé, on a tous nos raisons de s’y mettre. Et pour cause : moins d’impact sur les articulations, plus de distance parcourue, plus de vitesse, utilisation de tous les membres du corps… Les bienfaits du ski de fond sont indéniables et bénéficieraient à plus de gens qu’on le croit.

Ce mois-ci, dernier article de notre série. Il nous parle de Josée et de sa passion pour le ski, une activité qui peut s’avérer positive face à la maladie chronique.

 

Une envie de bouger

Photo : courtoisie de Josée Larocque

Josée n’a pas toujours pratiqué le ski de fond. Ses premières armes remontent à 20 ans, alors qu’elle vivait sur une base de plein air à Chertsey (Lanaudière). Monitrice au camp Boute-en-train pendant trois ans, elle enchaînait les sorties plusieurs fois par semaine, seule ou en groupe, dans les sentiers qui entourent le lac Daly.

J’ai toujours aimé bouger. Instinctivement, même très jeune, je réalisais que je me sentais toujours en forme après avoir fait des activités.

Le réflexe de bouger accompagne Josée tout au long de sa vie. Natation dès l’âge de 6 ans, puis basketball et athlétisme au secondaire. L’hiver comme été, elle enchaîne les entraînements et les compétitions au sein du club Campi (Salaberry-de-Valleyfield).

Ce rythme incessant assouvit chez Josée un besoin personnel de bouger : « j’ai compris que la décharge motrice occasionnée par l’activité physique me permettait d’atteindre un meilleur équilibre et me donnait beaucoup d’énergie ». Fidèle à son mantra, elle pratiquera une activité physique récréative en parallèle de son activité professionnelle tout au long de sa vie. Yoga, ballet jazz, tai chi, Pilates, musculation, aquaforme… tout y passera.

 

Le couperet tombe…

La maladie, surtout lorsqu’elle est méconnue, est d’autant plus difficile à démasquer qu’elle peut devenir un frein tenace à l’activité physique. En juillet 2018, Josée reçoit le diagnostic de la fibromyalgie. Mise à l’arrêt obligatoire, tests médicaux, sur fond de douleur sourde… Cette grande active, habituée à être au top de sa forme, le vit très difficilement.

Tout d’abord, Josée doit apprivoiser cette maladie chronique très peu connue, à laquelle il n’existe pour le moment aucun remède… Elle doit revoir sa copie… Faire le vide de tout ce qu’elle connaissait.

Travailler à récupérer, premièrement. Ensuite, reprendre le contrôle de son corps et de ses sensations…

 

Quand les armes se retournent contre soi

La fibromyalgie se manifeste pour une personne suite à une accumulation d’événements négatifs : « Lorsque tous les éléments propices à sa manifestation sont présents (fatigue intense, basse énergie sur une longue période, pression et stress), des épisodes de douleur se déclenchent. »

« Normal », nous direz-vous… Une grande fatigue, c’est le genre de réaction à laquelle il faut s’attendre lorsque l’on soumet son corps à un stress prolongé. Mais que se passe-t-il si on ignore les signaux que nous envoie notre corps?

« Combattre ou fuir »

L’expression « combattre ou fuir », adaptée par le chercheur Hans Selye dans son livre « The Stress of Life » (1956), désigne la capacité du corps à réagir efficacement face à une menace en sécrétant une quantité phénoménale d’hormones (cortisol, adrénaline, etc.)1 afin de garder son équilibre.

Cependant, le corps a ses limites. Cette situation de « combat », il peut la supporter un certain temps. Par exemple, jusqu’au bout d’un déménagement, un gros dossier au bureau, une crise familiale, un échéancier laborieux… Une fois atteinte cette limite, il faut récupérer, compenser cette décharge par un retour à la « normale », une pause plus ou moins longue, où l’individu recharge ses batteries.

 

Des anticorps redoutables

Cependant, qu’arrive-t-il lorsque ce même corps, soumis à des stimuli répétés, refuse, par choix ou par nécessité, de « baisser la garde » et de prendre une pause? Les « hormones du stress », si elles sont bénéfiques un moment pour supporter une épreuve, finissent par nuire au corps humain lorsqu’elles y logent trop longtemps. Les armes déployées pour se défendre finissent par se retourner contre soi-même…

Les hormones de stress sont efficaces justement parce qu’elles sont redoutables. Lorsqu’elles stagnent dans le corps humain, elles créent des inflammations. Le système immunitaire, déjà sollicité autre part, s’empresse de combattre cette nouvelle menace en libérant des anticorps. Il fonctionne à double régime… et en partie contre lui-même.

À la longue, les récepteurs neuronaux qui captent les signaux de douleur s’émoussent. Pour pallier au chaque nouveau stress, la salve d’anticorps est plus grande. Les douleurs augmentent et le cerveau riposte aveuglément. Il « tire dans le tas », sans distinction entre la source du stress et le corps qui le combat.

Lentement mais sûrement, la douleur s’installe dans un corps devenu hypersensible. Un peu comme une blessure qui forme une croûte, qu’on arrache sitôt qu’elle commence à guérir…

 

Des symptômes qui varient

Chaque fibromyalgique vit la maladie à sa façon. Dans le cas de Josée, une douleur très intense dans tout le corps se manifeste, « comme une brûlure. La douleur irradie non seulement dans les muscles, mais au niveau des os, de la peau, des nerfs ». Cette douleur persiste pendant une période indéterminée, variant de quelques heures à plusieurs jours.

Photo : Josée Larocque

Durant une « crise », le ou la malade peut ressentir une sensibilité accrue à tous les bruits environnants (bruits, musique, foule, toucher, simuli, etc.). Rester assis(e) de longues heures peut provoquer des raideurs musculaires ou articulaires. Des spasmes musculaires douloureux peuvent envahir les nuits et causer des insomnies. Maux de tête, baisse de la concentration, inflammation du système digestif… les effets varient d’une personne à l’autre.

Tous ces symptômes, s’ils ne sont pas endigués par un retour au calme et un environnement propice, augmentent la douleur et aggravent la situation. C’est un cercle vicieux : les nuits ne regénèrent plus, ce qui amène une baisse d’énergie et un affaiblissement global. Le système immunitaire à plat, le ou la fibromyalgique s’expose à tous les petits virus qui passent… La roue tourne : les petits rhumes se transforment en grippe, qui deviennent des pneumonies. Petit à petit, c’est toute la charpente qui se met à se fissurer.

 

Repartir de zéro

Au plus fort des crises, la fibromylagie impose des « restrictions » dans le mode de vie du ou de la malade, ce qui l’empêche de pratiquer certaines activités. Peut alors survenir un mécanisme d’auto-défense, qui consiste à se réfugier dans l’inactivité, par peur d’aggraver la douleur. S’ensuit alors un déconditionnement, duquel il est impératif de se sortir, avec toute la force mentale que cette décision comporte.

Décider de s’activer. 

Il est là, le plus grand défi de Josée : « croire que l’exercice ne va pas empirer mes douleurs […], parce que si s’activer fait mal, ne pas bouger fait mal aussi »… Voire plus.

La montagne devant, Josée la voit, elle sait que la route est longue, mais elle part. Armée de ses skis tout neufs, elle met un pied devant l’autre, tente de retrouver le sentiment de la glisse des jours passés. Quelques minutes et déjà à bout de souffle… Aujourd’hui, elle fera une demie-heure. Deux jours plus tard, elle fera quinze minutes « difficiles », mais elle rebondira avec trente-cinq minutes à la fin de la semaine. Et ainsi de suite…

Pour les malades chroniques, l’activité physique est un moyen de retrouver son corps et de se le réapproprier. Au début, les douleurs réapparaissent. Il faut avoir la « tête dure », ne pas lâcher. Il y a des jours où on doit capituler, car les symptômes ont le dessus. Puis, dans les jours plus cléments, on ressort dehors. Pas obligé d’aller très loin. Les traces de ski nous guident. On avance. On avance lentement, mais on ne recule pas!

Photo : Josée Larocque

Au fil du chemin, les bienfaits deviennent visibles : l’activité physique aide à « réduire les symptômes » de la maladie chronique. S’activer réduit le stress, sécrète des hormones associées au plaisir et à vigilance, renforce le système immunitaire. Au final, c’est la prise de décisions, la concentration, le bien-être et la santé mentale qui s’en trouvent améliorés.

Dans la vie réelle, la promesse est alléchante, mais la marche est souvent très haute. Pour la franchir, il faut s’armer de courage et s’entourer de personnes pour s’accompagner dans l’adversité. Josée trouve son soutien auprès de sa famille et de ses amis, avec qui elle skie autour de chez elle. Le centre de ski familial les Sources Joyeuses, à La Malbaie, lui offre un écrin de conifères et de bouleaux, avec ses pistes accessibles pour les débutants.

 

Revoir la lumière…

Comme on l’a vu dans nos précédents articles de cette série sur le ski de fond, s’approprier des « palettes » est plus facile et plus accessible qu’on ne l’imagine*.

Pour une personne qui souffre d’une maladie chronique, le ski est une activité complète et à moindre impact pour les articulations. Josée, énumère ses victoires : « une activation des muscles du haut et du bas du corps, une augmentation de sa force musculaire, une réduction de la fatigue et la capacité de marcher sur de plus longues distances ».

Les changements, elle remarque dans sa vie de tous les jours :

Pratiquer l’amplitude des mouvements autour des articulations et les faire bouger différemment m’aide à mieux fonctionner et facilite des mouvements pourtant anodins, mais qui me sont devenus difficiles, comme verser une louche de soupe dans un bol, monter dans la voiture ou monter l’escalier.

 

Pour Josée, comme pour toute personne souffrant d’une maladie chronique, recommencer l’activité physique, c’est d’abord se réapproprier son corps et ses sensations. Les premières séances surprennent, mais s’installent peu à peu dans le quotidien. Au fil du temps, une routine s’installe. L’activité physique devient un baume cicatrisant duquel on ne peut plus se passer.

En plus de faire voyager, le ski de fond fait profiter de l’hiver, « oxygène [les] poumons et améliore [le] sommeil ». Mieux que ça… Pratiqué modérément, le ski permet au malade de retrouver « confiance en [sa] capacité de réhabilitation, réduit la frustration de [ses] incapacités, puisqu’il augmente [son] énergie et améliore [sa] qualité de vie ».

Chez Boutique Courir, notre équipe est composée de nombreux(ses) passionné(e)s du sport, au service de vos besoins depuis plus de 30 ans. Chaque personne est unique. Passez nous voir pour trouver les skis de fond qui conviendront le mieux à votre profil, à votre pratique et à votre condition physique.

 

Photo : Courtoisie de Josée Larocque

 


1 Traduction de l’expression « fight-or-flight » du physiologiste Walter Cannon, adaptée par le concepteur de la théorie sur le stress Hans Selye. Siang Yong Tan, MD1 and A Yip, MS2. « Hans Selye (1907-1982), Founder of the stress theory », . 2018 Apr; 59(4): 170–171. Disponible en ligne : [https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5915631/]
*Au mois de mars de chaque année, Boutique Courir lance sa grande vente de skis démos. Les équipements de ski de fond démos de la saison sont mis en vente et disponibles à la boutique de Longueuil. Appelez-nous (450-674-4436) pour vérifier s’il y a quelque chose de disponible pour vous.