Lorsqu’on parle de course à pied, la première image qui nous vient en tête est la course sur route… On pense aux marathoniens* qui défilent aux Jeux Olympiques à une vitesse folle sur le bitume, aux joggeurs qui slaloment sur les trottoirs…
Avez-vous réellement idée de toutes les variantes possibles en course à pied? Saviez-vous, par exemple, qu’il faut un type de chaussures spécifique pour sprinter sur une piste d’athlétisme, pour faire de la course de sentiers, ou encore pour briser son record personnel au 10 kilomètres?
Petit survol des catégories de chaussures de course…
La course sur piste
Caractéristiques spécifiques de la surface
La surface d’une piste d’athlétisme est généralement poreuse et lisse ce qui permet, voire requiert, l’usage de chaussures à pointes (crampons ou spikes).
Caractéristiques spécifiques des chaussures
Les pointes des chaussures à crampons, c’est littéralement des pics en métal ou en acrylique de 5 à 8 mm que l’on vient visser à des endroits spécifiques de la semelle. Avec quelques différences dans la structure de la chaussure, que l’on pratique la distance du sprint, du demi-fond ou du fond, on est sûrs d’adhérer à la surface de la piste, quoi qu’il arrive.
La chaussure de demi-fond (des courses comprises entre 800 et 3000 mètres steeple) est munie d’une semelle intermédiaire très mince au talon alors que la chaussure de sprint (tout ce qui se court en-dessous de 800 mètres) est dépourvue de semelle intermédiaire. Globalement, la chaussure à pointes est très légère et flexible.
La chaussure de fond (entre 3000 et 10000 mètres) a quant à elle une semelle plus coussinée et plus souple que ses deux consoeurs de distance. Cela dit, elle n’a rien en commun avec les semelles de course sur route : elle est aussi munie de pointes et reste quand même moins coussinée que les chaussures de course conçues pour la vitesse (racers ou light trainers).
Même si ces dernières sont aussi utilisées sur piste pour l’entraînement, on réserve les chaussures à pointes pour les jours de course et on les utilise rarement à d’autres fins que celles de la performance.
Discipline à part, le cross-country est pratiqué principalement sur des surfaces de terre ou gazonnées, ce qui nécessite l’usage de crampons plus acérés (9 à 15 mm). Cela dit, la longueur des pointes en cross-country est très réglementée et encadrée, notamment pour éviter les blessures lors de ces courses très physiques sur le plan du peloton de course : tout le monde veut être à l’avant, ce qui fait place à de nombreuses échauffourées entre les participants.
Type de support et d’absorption requis
La chaussure à pointes n’offre aucun support et aucune protection contre l’impact. Ce n’est absolument pas son rôle. Elle doit permettre au coureur de bien « sentir » la surface de la piste et favoriser le déroulement naturel et rapide du pied.
Rigidité de la semelle
La semelle est souple et légère et la partie avant (qui reçoit les pointes) est généralement rigide, pour favoriser l’effet de levier du pied en mouvement.
Durée de vie/signes d’usure
La durée de vie d’une telle chaussure est relativement longue puisqu’elle est utilisée surtout en compétition. L’état de l’usure se mesure souvent par l’état de son empeigne (la partie de la chaussure qui recouvre le pied). Si l’empeigne se fissure ou qu’elle n’enserre pas le pied comme avant, c’est le signe qu’il faut changer de chaussure.
Course sur route ou en sentiers aménagés
Caractéristiques spécifiques de la surface
La course sur route, ça, presque tout le monde connaît. Il s’agit d’une surface sans irrégularités et de niveau, sauf pour les accotements de route et les trottoirs qui sont légèrement inclinés afin de favoriser l’écoulement de l’eau. La densité du sol varie beaucoup, du béton à la terre battue, en passant par le tapis roulant.
Caractéristiques spécifiques de la chaussure de course sur route
Munie d’un système d’absorption et de stabilité adapté à la spécificité mécanique de la course à pied, la chaussure est conçue pour un déplacement linéaire. Son rôle est d’absorber l’impact inhérent à l’activité, de contribuer à la stabilité et d’assurer le confort du coureur, afin de prévenir l’apparition des blessures.
Type de support et d’absorption requis
Il existe trois catégories de chaussures d’entraînement pour la route et les sentiers aménagés : neutre, de stabilité et de contrôle. Tous offrent des niveaux d’absorption et de stabilité différents.
Les souliers d’entraînement léger (light trainer) et les souliers de compétition (racing flats ou racers), forment quant à eux, deux catégories spécialisées incluses dans les chaussures de route et offrent, en théorie, moins de protection et de support que les chaussures d’entraînement.
Rigidité de la semelle
En règle générale, les souliers neutres sont munis d’une semelle intermédiaire souple à une seule densité, tandis que les souliers de stabilité possèdent une semelle intermédiaire qui comporte une densité plus importante du côté interne.
Les chaussures de contrôle sont par ailleurs dotées d’un support maximal et d’une semelle plus rigide. Autrement dit, lorsque les chaussures de stabilité ne remplissent pas suffisamment leur fonction de support, les chaussures de contrôle entrent en scène. Renforcées dans la semelle mais aussi sur l’empeigne et les parois, elles conviennent aux marcheurs et aux coureurs qui n’ont pas besoin de semelle orthopédique, mais d’une alliée durable et robuste au quotidien. La rigidité de la semelle varie selon les catégories et les modèles.
Le choix de la catégorie et du niveau d’absorption et de stabilité requis sont déterminés en fonction de la morphologie du coureur, de son patron moteur, de l’intensité de son entraînement et de la surface sur laquelle il court. L’expertise d’un conseiller est indispensable à une telle analyse.
Durée de vie/signes d’usure
La littérature et Internet regorgent d’informations à ce sujet. En fonction du coureur, du type d’entraînement et de soulier, la durée de vie des chaussures de course varie entre 800 km et 2000 km. L’écart est énorme et la réalité pour la moyenne des coureurs pourrait se situer entre 1200 km et 1600 km. Cependant, tous ne s’entendent pas là-dessus.
Les différences reposent sur le poids du coureur, son patron moteur, la surface et les chaussures utilisées. Retenir la date d’achat et noter les distances hebdomadaires moyennes courues permet de donner un bon indice du kilométrage d’une chaussure.
En outre, vérifier l’état de l’absorption des chaussures en testant la semelle, observer l’empeigne et les signes d’usure générale, en plus de la réponse du corps à la course, permettent d’évaluer l’état de l’usure de sa chaussure de course. Si vous commencez à avoir des petites tensions ou douleurs qui ne sont pas dues à un changement dans l’entraînement, dans le type de surface de course, d’un changement de votre morphologie ou de votre technique de course, c’est peut-être un signe pour passer à votre boutique de sport préférée!
Course en sentiers ou terrains accidentés
Caractéristiques spécifiques de la surface
Sentiers légèrement aménagés ou non aménagés, avec en prime un relief plus accidenté qu’en route. En général, les sentiers représentent une surface plus « amicale » que le béton ou l’asphalte parce qu’ils participent, dans une certaine mesure, à l’absorption de l’impact. L’impact est cependant accentué lors de la descente.
Caractéristiques spécifiques des chaussures
Les chaussures de course en sentiers sont pourvues de crampons plus ou moins acérés, en fonction du type de surface que comporte votre terrain de jeu. Les chaussures de course en sentiers peuvent également être utilisées pour courir sur la neige. Certaines sont alors munies de crampons métalliques, ou encore recouverts d’une couche de fibre de verre pour la glace.
Type de support et d’absorption requis
Les souliers de course en sentiers offrent plus de support qu’un soulier de route et dont l’absorption varie en fonction de l’impact et du type d’entraînement. D’un côté, on retrouve des chaussures de course de sentier dont la semelle est moins absorbante, puisque l’impact est en partie absorbé par le terrain. D’un autre côté, on retrouve aussi des chaussures avec des semelles très épaisses et résistantes, dues à la tendance des courses en sentier de type « ultras ».
Rigidité de la semelle
Sensiblement plus rigides que sur les souliers de route, les semelles de chaussures de sentiers demeurent tout de même flexibles pour ne pas nuire au déroulement naturel du pied.
Elles doivent également permettre au coureur de bien « sentir » la surface de course afin ne pas entraver ses mécanismes de proprioception, c’est-à-dire la perception inconsciente (à travers les stimulis du système neuromusculaire) des parties du corps, de leur position et de leur mouvement dans l’espace, sans que l’individu ait besoin de les vérifier avec ses yeux. C’est d’ailleurs cette perception inconsciente qui permet d’éviter les entorses à répétition…
Durée de vie/signes d’usure
Puisqu’il existe une grande variété de conditions en course de sentiers, il est plutôt difficile d’établir un kilométrage moyen au-delà duquel une chaussure spécialisée pour la course en sentier est usée. C’est l’état de l’empeigne, du contour du talon, de la semelle intermédiaire et de la semelle extérieure qui peut témoigner du niveau d’usure de la chaussure. La durée de vie peut cependant varier selon le type d’utilisation.
L’entretien des chaussures de course
Souliers mouillés
Il faut éviter de faire sécher les chaussures de course près d’une source directe de chaleur (foyer, calorifère, radiateur, etc.) puisque les hautes températures sont dommageables pour les matériaux. On recommande plutôt de retirer les semelles intérieures, de bourrer l’intérieur de papier (journal, par exemple) et de placer les chaussures dans un endroit aéré. Voilà une méthode qui permet un séchage rapide et qui n’endommage pas les chaussures.
Nettoyage
Il faut éviter la laveuse même si le résultat est impeccable. Cette méthode endommage également les matériaux. Une solution efficace et peu coûteuse? Une brosse et de l’eau savonneuse. Il existe également des produits conçus spécifiquement pour le nettoyage des chaussures.
Quelques trucs contre les odeurs
- Éviter de courir pieds nus dans les chaussures.
- Retirer les semelles intérieures après l’entraînement.
- Éviter de laisser les chaussures mouillées dans le sac de sport pendant des jours.
- Bien aérer les chaussures à température de la pièce.
- Toutefois, lorsque le mal est fait, des billes de parfum ou des produits antibactériens peuvent venir à votre rescousse.
Qui eut cru que la course à pied offrait un spectre de possibilité aussi vaste! Pour faire le bon choix, le mieux reste de passer nous voir en boutique pour discuter de votre pratique, de vos objectifs et pour tester les options qui s’offrent à vous. N’hésitez pas à nous contacter pour toute question.
Par : Gilles Labre, modifié par Ariane Patenaude
*L’usage du masculin dans le texte a pour but d’alléger celui-ci.