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Kevin Robertson – Un « Underdog » dans la cour des grands

Depuis plusieurs années, Boutique Courir appuie de nombreux programmes, groupes, individus, clubs et fédérations liés à la promotion et au développement de l’activité physique. Le sport de performance fait partie intégrante de notre mission.

Par exemple, notre implication dans le programme des Bourses d’étude jeunes athlètes de la Banque Royale / Journal de Montréal / Journal de Québec, témoigne de notre engagement à soutenir l’excellence chez les jeunes athlètes étudiants. Notre contribution annuelle au Centre national d’entraînement Pierre Harvey (CNEPH) et à la Fédération Québécoise d’Athlétisme est un autre exemple de notre volonté à participer au développement de l’élite nationale.

Petite incursion aux États-Unis, où les courses d’athlétisme battent leur plein depuis la reprise des compétitions internationales…

 

 

En mai 2021, un Québécois s’envole vers Los Angeles afin de participer à un premier meeting compétitif sur piste, après plus d’un an et demie de disette pandémique. Lors de cette rencontre, il réalise son deuxième meilleur temps à vie sur la distance du 1500 mètres, introduisant une séquence de records personnels battus en terre étatsunienne.

Le 29 mai à Portland (Oregon), Kevin Robertson arrête le compteur à 3:39.40 min et signe la sixième meilleure performance canadienne de l’année 2021 sur la distance du 1500 mètres. Subrepticement, il inscrit son nom au palmarès des records québécois du 1000 m. Même s’il est battu par la star montante Charles Philibert-Thiboutot, ce record mythique, auparavant détenu par Pierre Léveillé, n’avait pas été égalé depuis 31 ans.

Son nom apparaît de plus en plus souvent sur les tableaux de résultats. À seulement 22 ans, Kevin Robertson représente la relève tranquille qui évolue dans le sillon d’une génération d’athlètes désireuse de repousser les limites de l’athlétisme au Québec.

 

La vague, un choix stratégique

Dans son entrevue en balado-diffusion avec Maxime Lopes1, Kevin Robertson décrit une des stratégies en compétition d’athlétisme, en fonction de son niveau et de son objectif. Si son but est de faire un temps pour lui-même, l’athlète intègre une vague de coureurs plus forts et se place derrière, en profitant de l’effet d’aspiration du peloton. C’est sur ce scénario que le Québécois a réussi à abaisser sa marque personnelle. Cependant, une épreuve internationale ne se résume pas à cela…

Tactique et rythmée, une course de haut niveau réserve des surprises aux non initiés. Pour celui qui se définit comme un coureur « even » [« diesel », constant – ndlr], habitué à un rythme stable et continu, participer aux courses internationales l’amène à gérer les nombreux changements de vitesse. Par exemple, un groupe de coureurs de haut niveau peut se mettre à  « jogger » en début de course, comme cela s’est vu parfois aux championnats du monde ou aux olympiques. Forcés à ralentir, les prétendants au titre doivent se montrer audacieux et se mouiller, tenter des accélérations, pour tirer leur épingle du jeu. De ce type d’épreuves à haut risque, Kevin Robertson espère tirer un maximum d’expérience.

 

Des rencontres déterminantes

Prenant part à ses premières compétitions vers l’âge de 15 ans, Robertson se dit « content de ne pas avoir débuté le sport de haut niveau très tôt »2. Ceux qui commencent jeunes sont souvent influençables, ballotés entre la vie, les études et le désir de se dépasser physiquement. Ils décrivent une progression parfois trouble et en dents de scie. Au contraire, le LaSallois décrit plutôt un parcours ponctué par des collaborations fortuites avec ceux qui furent ses entraîneurs.

Ainsi, il décrit Frédérick Arlen du club d’athlétisme de Lachine, « un coach dédié, patient, authentique et passionné », aux côtés duquel il évoluait dans un cadre idéal :

 

J’ai adoré le fait de pouvoir progresser à mon rythme, et ce, sans subir aucun stress de performance – Kevin Robertson

En effet, « l’athlétisme est un sport très difficile qui requiert beaucoup de discipline et d’assiduité. » Kevin en est conscient : « Ayant débuté plus tard, j’avais la maturité requise pour répondre adéquatement à la charge d’entraînement. »

Aujourd’hui sous l’égide de Samuel Marion, du club d’athlétisme Saint-Laurent Sélect, Kevin Robertson continue d’évoluer avec cette tranquillité d’esprit qui le caractérise.

 

Étudiant – Athlète d’excellence

En mai 2021, Kevin Robertson s’est vu octroyer la bourse de la Fondation de l’Athlète d’Excellence du Québec, versée par la Fédération Québécoise d’Athlétisme, en soutien à sa réussite académique et sportive. Récemment diplômé en droit de l’Université de Montréal, ce fonds de 4000 dollars lui permettra de mieux se concentrer sur l’obtention du Barreau, en parallèle de ses objectifs d’atteinte des standards olympiques.

 

 

Au mois d’août, je vais débuter mon stage du Barreau […]. Je suis très enthousiaste par cette opportunité et je suis persuadé que je serai en mesure de concilier le sport de haut niveau et ma carrière professionnelle. Je devrai faire preuve d’assiduité et d’organisation, mais je pense être capable de relever ce défi adéquatement.

Kevin Robertson est étonnant de lucidité et de reconnaissance : « toute aide financière a un immense impact sur ma carrière. Je suis chanceux d’avoir de l’aide la Fédération québécoise d’athlétisme, de mon club Saint-Laurent Select, de la FAEQ [Fondation de l’athlète d’excellence du Québec – ndlr], du Conseil du Sport de Montréal, ainsi que de Boutique Courir. »

 

 

Une nouvelle préparation

L’épidémie de Covid-19 a amené avec elle une année sans compétitions, ce qui a permis à Kevin Robertson « d’essayer plusieurs choses ». Cette année, il s’est mis à faire plus de volume : pendant 2-3 mois, il engrangeait des semaines à plus de 100 kilomètres. Plus de séances, auxquelles il ajoutait des accélérations. Quelques répétitions de 400, 300, 200 mètres « assez rapides », venaient ainsi ponctuer ses fins de course. Ces séquences, dit-il, l’ont « mises en confiance » sur des courses plus longues, au-delà du 2000 mètres :

 

Je me sentais vraiment à l’aise sur une distance qui était plus longue, qu’auparavant je n’étais pas capable de faire – Kevin Robertson

 

Des semaines de haut volume, comportant non plus deux mais trois séances d’intensité, faisaient partie de son menu. Un séjour en Colombie-Britannique au mois de mars, où il a pu pratiquer dans des conditions idéales, précédant une saison de compétitions où il a baissé le volume et augmenté l’intensité proportionnellement, complète le changement mis en oeuvre dans l’atteinte de son record personnel.

 

L’heure des bilans

Fin août 2021, la fin de saison est à nos portes. Kevin Robertson dresse un état des lieux. Durant ces deux semaines de repos « complet complet complet », au cours desquelles il se dit « heureux » de ne pas courir, il compense en faisant d’autres sports, le spikeball par exemple. Mais la tête prend vite le dessus sur les jambes…

Droit dans ses bottes, Kevin Robertson cultive un état d’esprit assez « sain » : bien que les JO restent « dans un coin de [sa] tête », le coureur reste humble. « Je ne me lève pas le matin en disant que dans 3 ans je vais aux Jeux olympiques » Avant d’atteindre la précieuse sélection, il doit d’abord « baisser [ses] chronos, puis juste rester en santé ». Il garde la tête froide, sait qu’il a « d’autres choses à améliorer avant de pouvoir espérer être sélectionné ».

À court terme, le futur avocat rejoindra son cabinet pour un stage et fera face au défi de l’organisation, entre son lieu de stage et la piste d’athlétisme. À moyen terme, il vise à se « rapprocher le plus possible du standard olympique, tout en conciliant le sport avec [sa] carrière professionnelle ». À long terme, il se prend à rêver d’une sélection aux Jeux olympiques de Paris en 2024.

« Petit train va loin »… Kevin Robertson a l’air bien embarqué. On lui souhaite d’arriver à bon port.

 

 

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Par : Ariane Patenaude, B.Sc Kinésiologie

1 Maxime Lopes, « Entrevue avec Kevin Robertson, la force tranquille du demi-fond québecois », dans Runwise – Du 5 km au Marathon, disponible en ligne, consulté le 24/07/2021.
Carl Sincennes, « Kevin Robertson, une bourse pour viser les Olympiques », dans Metro Media, dernière mise à jour le 9 juin 2021, consulté le 29 juillet 2021. Disponible en ligne : https://journalmetro.com/local/lasalle/2649389/kevin-robertson-une-bourse-pour-viser-les-olympiques/
Bourse d’études jeunes athlètes 2021 https://www.journaldemontreal.com/2020/11/16/concours-bourses-detudes-jeunes-athletes-2021 
Photos : Kevin Robertson