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De la glace au bitume – Entrevue avec François Hamelin

Quiconque a un tant soit peu d’intérêt pour le patinage de vitesse a certainement entendu parler des frères Hamelin. Souvent présenté comme le binôme ayant mis le feu à la glace des Jeux Olympiques de la dernière décennie (Vancouver 2010, Sotchi 2014, PyeongChang 2018), le cadet des deux frères a récemment décidé d’accrocher ses patins pour évoluer en chaussures de course… avant de débouler sur le tapis de Boutique Courir. Fort d’une carrière riche en émotions, en efforts et en exploits d’équipe, François Hamelin entrevoit la suite avec l’enthousiasme de celui qui a envie de tout voir.

François Hamelin fait ses adieux au patinage de vitesse courte piste à l’occasion de sa dernière compétition en 2017.

Son objectif? Arriver à courir un marathon. D’accord… À première vue, c’est un objectif respectable!… Mais pour un ancien olympien à l’âme compétitive, on se doute bien qu’il ne s’agira pas que d’y faire de la figuration. Déterminé à avancer selon les règles de l’art, en une progression saine, graduelle et sans blessure, François Hamelin pense pouvoir y arriver d’ici environ un an. Au menu du programme : des intervalles, bien sûr, mais aussi de renouer avec le principe d’endurance fondamentale en course à pied, une notion encore inconnue de notre sprinteur dans l’âme, habitué des séances courtes et intenses du patin de vitesse courte piste.

Au terme des neuf premiers mois de sa préparation, nous rencontrons François et le questionnons sur les nouvelles passions qui l’habitent.

 

 

 

La rédaction (LR) : Pourquoi avoir choisi Boutique Courir pour t’aider à accomplir ton premier marathon?

François Hamelin, entouré de son entraîneur de course Alain Dufort (à gauche) et du propriétaire de Boutique Courir Gilles Labre (à droite).

François Hamelin (FH) : Je me rappelais y avoir acheté ma paire de souliers de course. Lorsque j’ai pris ma retraite [du patinage de vitesse courte piste – NDLR], je savais que je voudrais me lancer dans la course à pied. J’ai tenté ma chance, sachant qu’ils pourraient possiblement m’accompagner dans cette aventure. À mon plus grand bonheur, la réponse a été positive de leur côté. J’avais vu juste : ils sont géniaux! Et Alain Dufort, mon entraîneur, m’offre un encadrement de très haute qualité. J’ai développé une belle complicité avec lui et j’ai beaucoup de plaisir. J’espère que ça durera.

 

LR : Comment as-tu vécu tes premiers entraînements en course à pied? Y vois-tu des similitudes par rapport à l’entraînement en patinage de vitesse?

FH : Oui et non, l’attitude à adopter dans l’effort et le respect de l’objectif des entraînements est très important dans les deux sports. Cependant, le type de pression est complètement différent. L’effort sur glace est extrêmement musculaire, contrairement à la course qui est surtout de nature aérobique. Je m’adapte bien, mon corps apprend à courir de plus en plus longtemps et de plus en plus vite. 

 

LR : N’importe quel(le) curieux(se) peut vérifier tes exploits sur les réseaux sociaux. Depuis tes débuts en janvier 2018, tu as réussi à compléter un 5K et un 10K. Comment as-tu vécu tes premières expériences compétitives en course à pied?

FH : Ma première, trop bien, j’ai fait une course toute en constance qui frôlait la perfection. Cela ma donné beaucoup trop de confiance, ce qui a entraîné beaucoup d’erreurs par la suite, comme de partir trop vite et souffrir tout le long du 5km, ou accélérer au mauvais endroit et finir à la marche parce que mes jambes ne répondaient plus. Mon premier 10km s’est bien déroulé, j’ai respecté le plan de match. 

 

François lors de son 10K du Canal Lachine, en août 2018.

LR : Quels sont tes prochains objectifs? 

FH : Jusqu’à présent, j’ai fait trois fois 5K et une fois 10K. Le prochain défi serait de briser la marque des 36 minutes au 10 kilomètres de la Classique du Parc La Fontaine [François a terminé 31ème à la course scratch, avec un temps honorable de 36min16sec – NDLR]. Ensuite, je me concentrerais sur l’entraînement pour faire un premier demi-marathon au printemps prochain, puis un marathon à l’automne, possiblement le marathon de Montréal, ce qui reste à confirmer avec son entraîneur Alain Dufort. 

 

 

 

LR : On sait que tu t’impliques énormément dans la formation et la préparation physique des athlètes espoirs en patinage de vitesse. Est-ce que tu comptes agir à titre d’entraîneur avec Équipe Canada dans l’avenir? 

FH : Oui je me suis beaucoup impliqué. Ce n’était pas prévu au départ, mais quelques opportunités se sont présentées à moi et je les ai saisies. J’arrive d’ailleurs de Toronto, [où j’ai effectué un camp d’entraînement avec les patineurs junior et espoirs]. C’est important pour moi de redonner au sport qui à fait de moi qui je suis. J’ai eu beaucoup de plaisir et je me suis surpris à adorer entraîner les jeunes. Ce n’était pas dans mes plans d’après carrière, mais je ferai le plus que je peux avec le temps que j’aurai à donner.

 

LR : Quel(s) apprentissage(s) voudrais-tu transmettre aux athlètes de demain en patinage de vitesse? 

FH : Apprendre à travailler fort et sérieusement dans le plaisir.

 

Le positionnement efficace en course, un travail long et rigoureux qui se pratique en équipe. En août 2018, François supervise l’entraînement des jeunes espoirs canadiens en patinage de vitesse.

LR : T’arrive-t-il encore de t’entraîner en patinage de vitesse ou fais-tu une coupure complète depuis que tu as officiellement ta retraite?

FH : Le patinage de vitesse, c’est terminé pour moi. J’adore aller voir l’équipe nationale patiner. Je les trouve bons et beaux, je suis un fan! Cependant, à aucun moment, je n’ai eu envie de retourner m’entraîner avec eux. J’ai vraiment l’impression d’avoir tout donné et tout fait ce que je pouvais dans ce sport.

 

LR : En créant ton partenariat avec Boutique Courir, tu t’es également allié à New Balance. Qu’est-ce que tu aimes particulièrement chez cette marque et dans les chaussures qu’ils fabriquent? 

FH : Ce fût une très belle surprise pour moi. Je ne me considère pas encore coureur accompli [et] ils m’ont [quand même] approché pour établir un partenariat. Je ne connais pas encore le coté technique des vêtement ni des souliers, mais j’adore la diversité de couleurs et le confort des souliers. Aucune blessure jusqu’à présent, c’est bon signe!

 

LR : Bientôt, tu auras officiellement raccroché tes patins depuis un an. Comment trouves-tu ton quotidien d’olympien retraité? 

FH : Chargé! Entre l’agence, [Balboa Sport, compagnie de marketing sportif cofondée avec Joël Mineau – NDLR], le coaching [des athlètes de patinage de vitesse courte piste, qu’il supporte au niveau marketing, promotion et relations publiques], les événements, la famille et la course à pied. Mon temps est bien rempli. Le plus gros défi pour moi est de bien gérer mon horaire. La routine d’athlète était tellement régulière et naturelle pour moi. [Aujourd’hui encore], il m’arrive de prendre plusieurs rendez-vous en même temps.

 

LR : As-tu ressenti le fameux « blues » de l’athlète, celui que plusieurs sportif(ve)s vivent une fois qu’ils ou elles quittent le rythme effréné de la compétition de haut niveau? Comment gères-tu ces changements dans ta vie?

FH : [Je n’ai] pas vraiment [ressenti le blues de l’athlète. Par contre], lorsque les gars sont retourné à l’entraînement ça [m’a] fait un peu bizarre de ne pas y être. Mais ce sentiment-là à duré deux jours et il est disparu. Je m’accomplis autrement à la course à pied à ce niveau et je suis très heureux.

 

Suivez les étapes du parcours de François Hamelin vers son marathon en vous inscrivant à l’infolettre ou en consultant le blogue du site de Boutique Courir. Si vous passez chez Boutique Courir, vous pourrez peut-être tomber sur François Hamelin, ou encore sur son entraîneur Alain Dufort. Suivez-le sur son compte Instagram, frankhamelin, ou sur sa page Facebook.