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Les chaussures minimalistes

Une chaussure de course à pied est qualifiée de minimaliste lorsqu’elle n’est dotée d’aucune structure de support et d’absorption et que le différentiel d’épaisseur de la semelle entre le talon et l’avant-pied est égal à zéro.

Des chaussures légères et peu structurées pour la course à pied existent depuis plus de cinquante ans. En effet, des souliers de compétition sur route (racing flat) et des souliers d’entraînement légers (light trainer) étaient utilisés par les coureurs performants durant les années 70. Les coureurs sur piste utilisent quant à eux des souliers à pointes (spike) depuis plus d’un demi-siècle et ces chaussures sont de véritables minimalistes.

Des chaussures légères procurent une agréable sensation et représentent une économie d’énergie; deux points à ne pas négliger pour le coureur. Mais lorsqu’elles sont trop légères et qu’elles n’ont pratiquement plus de semelle, elles n’offrent plus d’avantages pour la majorité des coureurs.

Les adeptes de l’utilisation des chaussures minimalistes pour la course à pied prétendent que leur usage amène naturellement les coureurs à avoir une foulée efficace, mais aussi plus apte à absorber adéquatement l’impact inhérent à la pratique de cette activité. Peut-être… mais contrairement à ce qu’ils véhiculent, il n’y a pas de consensus dans le monde scientifique à cet effet.

Il ne faut surtout pas ignorer ou sous-estimer toutefois, qu’au-delà du patron moteur, de la surface d’entraînement et des chaussures, l’état des structures articulaires et musculaires compte pour beaucoup dans la capacité de l’organisme à absorber l’impact de la course à pied. Cela peut causer de désagréables surprises aux individus qui se lancent subitement dans l’utilisation de chaussures minimalistes.

Il faut savoir qu’un entraînement supervisé, progressif, intensif, effectué dès le jeune âge et échelonné sur plusieurs années est nécessaire pour favoriser le développement d’un patron moteur adéquat et le développement de structures articulaires et musculaires robustes aptes à résister à l’impact (René Therrien, Ph D, Université de Sherbrooke).

Ainsi, à quarante ans, le coureur qui s’est entraîné une dizaine d’années lorsqu’il était plus jeune, possède un patron moteur plus efficient et des structures généralement plus fortes que celui qui découvre la course à pied à un âge plus avancé. Il est donc nécessaire pour toute personne qui désire courir avec des chaussures minimalistes, et dont l’expérience en course à pied est restreinte, de suivre un programme relativement intensif d’éducatifs bien précis. Il est également essentiel d’adopter une foulée efficiente sans oublier que le patron moteur se modifie jusque dans la limite de la posture. Autrement dit, on court comme on marche et on marche comme on se tient. Il y a donc des limites à la correction de la foulée et il faut beaucoup de temps pour construire un coureur!

Pour ces raisons, l’équipe de Boutique Courir ne recommande pas l’utilisation des chaussures minimalistes à tous et chacun. Nous ne sommes pas contre l’usage de ces chaussures, mais les suggérer avec les nuances qui s’imposent est synonyme d’expérience et de connaissances.

 

Par Alain Dufort, B. Spec. Ed. phys., Université de Montréal.
Entraîneur en athlétisme et ex-athlète de demi-fond.
Il a été chronométré sur toutes les distances, du 50 m au marathon.
et
Gilles Labre, B. Spec. Ed. phys.,Université d’Ottawa
Ex-athlète de demi-fond. Il a été chronométré sur toutes les distances, du 400 m au marathon.